Troubles spécifiques des apprentissages / dyslexie-dysorthographie-dyscalculie
Le trouble spécifique des apprentissages, encore couramment appelé dyslexie, dysorthographie et dyscalculie dans la clinique francophone, est un trouble spécifique, structurel et durable pouvant toucher le langage écrit (lecture-production écrite) et/ou le calcul. Ce trouble toucherait environ 5 à 7% des enfants scolarisés.
Ce qui doit alerter ?
Dès la maternelle :
- des difficultés de repérage dans le temps et/ou dans l’espace, des difficultés de langage oral (affectant les sons de la parole), des difficultés pour associer la lettre écrite au son prononcé, des difficultés de mémorisation du lexique numérique, des difficultés de dénombrement.
Dès le primaire :
- Des difficultés et/ou lenteur dans le déchiffrage.
- Des difficultés de mémorisation de l’orthographe.
- Des difficultés de compréhension en lecture.
- Des difficultés de résolution de problème.
- Lenteur
- Difficultés d’organisation
Que faire ?
Si le repérage est précoce, l’école procèdera à la mise en place d’une pédagogie différenciée formalisée dans un PPRE (Programme personnalisé de réussite éducative). Il s’agira d’aider l’enfant à surmonter ses difficultés par l’utilisation de méthodes d’enseignement adaptées et éventuellement demander l’intervention de l’enseignant spécialisé (RASED).
Si les difficultés persistent (3 à 6 mois) malgré la première réponse pédagogique ou si elles apparaissent d’emblée sévères, il sera nécessaire d’en informer le médecin de l’enfant. Le médecin pourra alors proposer la réalisation d’un bilan sensoriel (vision, audition) et un bilan orthophonique normé (résultats chiffrés permettant de situer l’enfant par rapport à sa classe d’âge et observations cliniques). Même si les difficultés paraissent ne concerner que la lecture ou l’orthographe, il devra comprendre également une évaluation du langage oral. De même, si les difficultés paraissent ne concerner que la cognition mathématique, il devra comprendre également une évaluation du langage oral et écrit. Si nécessaire, le médecin pourra faire une orientation vers la PCO (Plateforme d’Orientation et de coordination).
Si les difficultés sont durables un PAP (Plan d’Accompagnement Personnalisé) pourra être mis en place. La MDPH ou MDA (Maison Départementale des Personnes Handicapées ou Maison De l’Autonomie) sera sollicitée pour des demandes de compensation spécifique (services de soin, AESH, MPA, AEEH…). Les aménagements scolaires seront alors notifiés dans le PPS (Projet Personnel de Scolarisation) et suivis par un enseignant référant handicap (ERH).
Les aménagements scolaires nécessaires (privilégier l’oral, alléger l’écrit,…) peuvent et doivent être mis en place SANS ATTENDRE LE DIAGNOSTIC médical.
Comment diagnostiquer ?
D’après le DSM-5, le diagnostic du TDC s’établit selon 4 critères :
- Difficultés à apprendre et à utiliser des compétences scolaires ou universitaires, comme en témoigne la présence d’au moins un des symptômes suivants ayant persisté pendant au moins 6 mois, malgré la mise en place de mesures ciblant ces difficultés : Lecture des mots inexacte ou lente et réalisée péniblement, difficultés à comprendre le sens de ce qui est lu, difficultés à épeler, difficultés d’expression écrite, difficultés à maîtriser le sens des nombres, les données chiffrées ou le calcul, difficultés avec le raisonnement mathématique.
- Les compétences scolaires ou universitaires perturbées sont nettement au-dessous du niveau escompté pour l’âge chronologique du sujet, et ce de manière quantifiable. Cela interfère de façon significative avec les performances scolaires, universitaires ou professionnelles, ou avec les activités de la vie courante, comme le confirment des tests de niveau standardisés administrés individuellement ainsi qu’une évaluation clinique complète. Pour les individus âgés de 17 ans et plus, des antécédents avérés de difficultés d’apprentissage perturbantes peuvent se substituer à une évaluation standardisée.
- Les difficultés d’apprentissage débutent au cours de la scolarité mais peuvent ne pas se manifester entièrement tant que les demandes concernant ces compétences scolaires ou universitaires altérées ne dépassent pas les capacités limitées du sujet.
- Les difficultés d’apprentissage ne sont pas mieux expliquées par un handicap intellectuel, des troubles non corrigés de l’acuité visuelle ou auditive, d’autres troubles neurologiques ou mentaux, une adversité psychosociale, un manque de maîtrise de la langue de l’enseignement scolaire ou universitaire ou un enseignement pédagogique inadéquat.
Le diagnostic du trouble spécifique des apprentissages sans facteur de complexité est posé par l’orthophoniste. Dès qu’apparait un facteur de complexité (comportement, comorbidité, difficultés diffuses…) le diagnostic du trouble spécifique des apprentissages s’établit dans le cadre d’une évaluation pluridisciplinaire selon une démarche de diagnostic différentiel par exclusion. Il s’agira de s’assurer que les difficultés de l’enfant ne sont pas mieux expliquées par une autre pathologie. Le diagnostic ne pourra s’établir avant l’âge de 7 ans. Une évaluation à distance suite à la mise en place d’une rééducation (recul évolutif) est indispensable afin d’évaluer la persistance ou non des symptômes, et ainsi différencier un simple retard de développement, qui va ensuite être rattrapé par l’enfant, d’un trouble durable.
Et ensuite ?
Les soins orthophoniques permettent à l’enfant de progresser dans le domaine concerné mais également de s’appuyer sur ses points forts pour contourner ses difficultés et mettre en place des stratégies de compensation. Dans la grande majorité des situations, ces soins, en complémentarité avec les aménagements scolaires et éventuellement la mise en place de matériel pédagogique adapté (MPA) permettent à l’élève de réaliser ses apprentissages. Le trouble spécifique des apprentissages étant un trouble durable, l’élève conservera toujours des difficultés, même légères, face à l’écrit. La majorité des élèves concernés par ce trouble pourra prétendre au même parcours scolaire que ses pairs y compris dans les études supérieures. Dans le cas difficultés sévères avec trouble associé un enseignement spécialisé pourra être envisagé.